Carte blanche à Angélique – membre du collectif Maman Bosse

J’ai fait un rêve.

Dans mon rêve, les futures mères n’avaient pas la boule au ventre à l’idée d’annoncer leur grossesse à leur patron.
Dans mon rêve, les femmes n’étaient pas jugées sur leur projet de naissance.
Dans mon rêve, elles pouvaient choisir la péridurale sans être considérées comme « douillettes » car il faut « souffrir pour être mère » et on ne disait pas à celles qui accouchaient par césarienne qu’elles n’avaient pas eu un « vrai » accouchement.
Dans mon rêve, les mamans allaitantes n’étaient pas insultées ou priées de se cacher parce qu’elles donnent le sein à leurs bébés dans un lieu public.
Dans mon rêve, les mamans ayant fait le choix de ne pas allaiter n’étaient pas considérées comme de mauvaises mères.
Dans mon rêve, les mères osaient briser l’omerta qui règne sur la maternité : elles avaient le droit de dire ce qu’elles avaient aimé ou détesté dans leur grossesse.
Dans mon rêve, les jeunes mamans reprenaient le chemin du bureau, l’esprit léger, car elles savaient qu’elles ne seraient pas critiquées à l’idée de devoir partir à 17 h pour aller récupérer leur bébé à la crèche ou chez la nounou.
Dans mon rêve, les mères qui décidaient de prendre un congé parental ou bien de devenir mères au foyer n’étaient pas vues comme « celles qui ne bossent pas ».
Dans mon rêve, les mères ne se faisaient pas lyncher sur les réseaux sociaux en raison d’une photo de leur grossesse ou bien d’un post sur leurs enfants.
Dans mon rêve, les mères avaient le droit de se plaindre et ne se cachaient pas pour pleurer…

Chaque femme fait des choix : des choix de vie de couple, des choix de vie de famille, des choix de
vie professionnelle et ces choix sont profondément personnels et intimes et devraient se faire
indépendamment de toute forme de jugement, de pression, sans violence et sans culpabilité.

La maternité, c’est un chamboulement. Ça peut être merveilleux comme éprouvant, palpitant
comme traumatisant. Il n’existe pas une maternité, mais des maternités. 

Et c’est justement la diversité de nos parcours de femmes et de mères qui fait notre richesse.

Il serait temps d’accepter nos différences, de faire preuve de bienveillance et de tolérance entre
nous, d’arrêter de se juger sans savoir et sans comprendre.

Accepter le choix d’une femme et d’une mère, même si ce n’est pas le nôtre, c’est l’aider à
traverser l’adversité et c’est aussi lui donner confiance.
Arrêtons de nous regarder comme des rivales, mais plutôt comme des sœurs.
S’écouter, s’inspirer les unes des autres, se donner de la force, de la motivation.
De ces partages peuvent naître des échanges passionnants.

Mais en 2022, nos différences de maternité dérangent encore et toujours et nous excluent.
Battons-nous pour que toutes les femmes, toutes les mères aient toujours le choix. Qu’elles soient libres d’exprimer leurs peurs, leurs colères, leurs envies, leurs désirs sans jugement.

Je le sais, le chemin sera long et semé d’embûches pour que mon rêve devienne réalité, mais « On peut bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin » Goethe.