Entreprendre en famille et au féminin

(MARIE – INTRODUCTION) 

Bienvenue sur Maman Bosse, le Podcast qui questionne les trajectoires professionnelles des mères. Je m’appelle Marie et j’ai créé cet espace de parole pour montrer la réalité de nos parcours et permettre à chacune de trouver sa façon de conjuguer travail et maternité. 

Toutes les 2 semaines, je vous propose d’écouter des portraits authentiques de femmes ordinaires, peu visibles et pourtant si nombreuses. Une fresque féminine à l’image de nos vies parfois dures, parfois tendres, souvent riches et toujours intenses. 

Aujourd’hui, vous allez découvrir le parcours d’Alexandra. Alexandra est journaliste de formation, un métier-passion largement inspiré par son entourage familial.  Elle a avancé dans sa carrière au fil des postes et des opportunités, des rencontres jusqu’à la réalisation de son premier film documentaire inspiré par le métier de son mari, pompier de Paris. 

Ce film, elle l’a écrit, réalisé entre sa grossesse et l’arrivée de son fils. Et après ce projet extrêmement important pour elle, un accomplissement professionnel, comme elle le dit elle-même, la pandémie et le premier confinement sont venus mettre un point d’arrêt à tous ses projets ; et parce que la famille est au coeur du parcours d’Alexandra, elle a décidé de créer en 2020 sa propre société de production, une entreprise qu’elle a créée avec sa maman et qui porte le nom de son fils. 

Plongez dans l’aventure familiale d’Alexandra et de Gianni Production. 

 

(MARIE)

Bonjour Alexandra, bienvenue au micro de maman-bosse, je te propose de te présenter : est-ce que tu peux nous dire de qui tu es la maman et dans quoi tu bosses ?

(ALEXANDRA) 

Bonjour Marie, alors écoute : je suis la maman de Gianni, qui a bientôt 3 ans, et je suis une journaliste, réalisatrice, productrice ; ça fait beaucoup de casquettes, celle de maman aussi, mais écoute, on va en parler. J’essaie de tout gérer en même temps. 

(MARIE) 

Alors toi au départ : pourquoi tu as fait ce choix d’orientation ? Est-ce que t’as toujours eu envie de travailler dans le domaine des médias au sens large ? Comment ça s’est passé au tout début ? 

(ALEXANDRA) 

Mon histoire est vraiment une histoire de famille familiale parce que j’ai la chance d’avoir mes 2 parents qui étaient déjà dans le domaine de l’audiovisuel, mon papa et ma maman. Donc si tu veux j’ai un petit peu baigné là-dedans depuis toujours. Et puis c’est vrai que très tôt, très très vite j’ai eu envie d’être journaliste. De toute façon, ce métier est un métier-passion, donc il faut l’avoir chevillé au corps pour le faire. Et moi j’ai toujours voulu être journaliste donc j’ai fait 5 années à la fac de sciences politiques à la Sorbonne. Et puis j’ai enchaîné par une école de journalisme : une école de journalisme en alternance avec le le CFJ et LCI, la chaîne info du groupe TF1. Et c’est comme ça que j’ai pu devenir journaliste. 

(MARIE) 

T’as commencé donc sur la chaîne d’info, c’est ça et t’as poursuivi dans cette voie-là ? 

(ALEXANDRA)

Exactement. J’ai commencé en chaîne info. De toute façon, c’est la meilleure école, hein, pour le journalisme télé, bien sûr, où c’est effectivement les chaînes locales ou les chaînes info aujourd’hui. Donc très très bonne expérience, j’ai beaucoup appris parce qu’il faut savoir travailler vite et bien. Donc je pense la meilleure des formations, et puis surtout une formation en alternance. Alors je le dis toujours et je le crois vraiment – d’ailleurs, j’en ai écrit un livre pour les journalistes qui s’appelle “Petit manuel de survie pour les journalistes en 2018”, parce que je donne des cours aussi aujourd’hui dans les écoles de journalisme – mais pour moi, ce métier s’apprend sur le terrain, s’apprend au contact des gens. Voilà. J’ai tout appris : j’ai appris à faire mes premiers petits reportages et ça m’a permis après de pouvoir faire des reportages un petit peu plus longs type “magazine”, comme on dit en télé, et puis d’arriver 10 ans plus tard – parce qu’il faut du temps et acquérir de l’expérience – pour faire des documentaires, des films documentaires ; toujours raconter des histoires, mais autrement et avec d’autres moyens. 

(MARIE)

Et alors, sur le plan plus personnel, est-ce que le fait d’avoir des enfants c’est quelque chose qui a toujours fait partie aussi de tes projets ? Est-ce que ça a été un sujet assez tôt dans ta carrière ou alors pas du tout ? 

(ALEXANDRA)

Alors : pas assez tôt parce que c’est vrai que le métier de journaliste est un métier très prenant, notamment au niveau des horaires. Moi, je bossais beaucoup en horaires décalés et les week-ends, donc pour la vie, la vie sociale c’est vrai que c’est pas forcément facile, mais c’est un sacrifice à faire en début de carrière pour se former, hein, comme je te l’ai dit, et pour faire ses preuves. En revanche l’envie est arrivée bien sûr avec la rencontre de mon compagnon, mais on a pris le temps, on a eu donc notre premier enfant – et seul pour l’instant – au bout de 5 années de vie commune. Donc voilà, l’idée, c’était vraiment de prendre le temps et de… de se projeter assez sereinement dans le projet de faire un enfant ensemble. 

Maintenant, est-ce que si la question c’était : “être journaliste et avoir un enfant c’est compatible ?” C’est compliqué. En vrai c’est compliqué parce que le journalisme c’est le terrain, c’est aller voir les gens, c’est bouger, c’est être partout, tout le temps. Et avec un enfant, ben c’est être partout, tout le temps, mais avec lui. Donc du coup faire les deux à la fois c’est compliqué. Donc quand effectivement je suis tombée enceinte à ce moment-là, j’avais pas d’emploi précis et j’étais beaucoup plus sereine dans la perspective d’avoir un enfant parce que j’étais pas dans un emploi au quotidien, où je devais partir, par exemple, le lendemain à Marseille, parce que y a un événement sur le port avec les dockers. Donc si tu veux, j’étais beaucoup plus sereine pour ma grossesse. 

(MARIE) 

Y a des gens qui pourraient considérer que c’est justement pas très serein de pas avoir un emploi stable. Alors que toi tu dis que pour ta grossesse, c’était finalement quelque chose qui t’a apporté de la sérénité : est-ce que tu peux nous parler de ça ? De comment tu as appréhendé ce sujet de la sérénité justement, même peut-être financièrement, ou alors comment tu te projetais sur cette grossesse sans cette… cette perspective “emploi stable”.

(ALEXANDRA)

Bah c’est une très bonne question. Il y avait ce côté effectivement, la sérénité, parce que j’étais pas amenée à aller travailler au bout de la France ou au bout de la terre pour réaliser un reportage, enceinte. En revanche, il y avait cette absence de sérénité par rapport au fait que je n’avais pas d’emploi fixe. Alors franchement, je vais faire un chapeau à Pôle Emploi parce que moi, comme effectivement, j’étais inscrite à Pôle Emploi et que j’avais cotisé, j’avais si tu veux un petit peu de marge de manœuvre, parce que tous les mois j’allais avoir quand même mon pôle emploi. Si tu veux dans mon métier en tant que pigiste, tu travailles tous les mois, bon bah tu travailles tu fais ton mois : bah c’est bon, tu déclares à Pôle Emploi “j’ai travaillé”, tu touches rien. En revanche, lorsque d’un coup tu te retrouves à ne pas avoir de piges et bien comme t’as cotisé, c’est automatique le mois d’après tu te déclares à Pôle Emploi “tu n’as pas travaillé” et tu as un salaire. Moi si tu veux les premiers mois de ma grossesse, j’ai pu vraiment vivre là-dessus et donc on a vraiment un beau pays pour ça et c’est ce qui m’a permis d’être un peu plus sereine, pour répondre à ta question. Ensuite, c’est pas parce que j’étais enceinte que je me suis arrêtée de travailler. Donc si tu veux pendant ma grossesse, j’ai quand même travaillé, j’ai fait des piges à BFM et d’ailleurs : un grand merci à eux parce que c’est vrai qu’ils m’ont accueillie alors que j’étais enceinte et que j’ai pu travailler et qu’ils savaient très bien qu’ils me formaient et que quelques semaines plus tard, bah j’allais pas être là parce que j’allais accoucher. Donc vraiment super de ce côté-là. Et puis j’ai aussi bossé en tant que réalisatrice pour l’émission “Je t’aime et cetera”, de Daphné Burki, pour laquelle j’ai fait des petits sujets magazines de 6 minutes : ça m’a permis, quand même, d’avoir… d’avoir cette sérénité pendant ma grossesse. 

Et enfin, j’ai eu cette chance-là : je préparais un documentaire avec Victor Robert, sa boite de production 10point7 Production, sur un stage commando avec des pompiers de Paris. Donc ce projet était en cours lorsque j’ai su que j’étais enceinte, et donc j’ai dû décaler tout mon projet professionnel parce que je ne pouvais pas me rendre, enceinte de 6 mois, sur un stage commando à Saint-Mexant avec les pompiers de Paris, nuit et jour, à les suivre dans la boue et dans l’effort. Et j’ai vraiment eu de la chance là-dessus et je tiens aussi à le souligner parce qu’on dit souvent quand ça va pas, mais on dit moins quand ça va, et je tiens à le souligner, lorsque j’ai appelé mon producteur, je lui ai dit “écoute Victor, j’ai… j’ai une bonne nouvelle”. Il me dit “oui ?…”

– bah je… je suis enceinte.

Donc, première réaction : silence. Et là : ”Ah c’est super ! Félicitations Alex ! Bon écoute bah c’est pas grave, on va décaler le tournage, t’inquiète pas, on est là !” Et j’ai, et j’ai pu décaler mon tournage de quelques mois, et donc re-décaler tout avec les pompiers de Paris, tout mon casting. Ce qui fait aussi que pendant ma grossesse j’ai aussi travaillé de mon côté, j’ai préparé mon film documentaire pour pouvoir aller le tourner, finalement, 3 mois après avoir accouché. En vrai, le secret, c’est qu’il faut être, en tant qu’indépendante, assez autonome dans la gestion de son planning et dans la gestion de son… de son travail. Et puis avoir beaucoup de résilience aussi pour pouvoir gérer tout ça d’une façon très sereine. 

(MARIE)

Ton fils est arrivé, donc tu as tout de suite, enfin assez rapidement, repris le travail donc, avec ce projet de film documentaire sur les pompiers de Paris. Donc ça… donc tu t’es retrouvée en tournage voilà… 3 mois après ton accouchement, c’est ça ? 

 

(ALEXANDRA)

Exactement. Comme je te l’expliquais, j’ai dû décaler le tournage. J’ai accouché le 19 mai 2019 et je suis partie en tournage fin-août, donc c’est très rapide. Mais effectivement, entre “reprendre dans un bureau, assise face à un ordinateur”, et “reprendre 3 mois plus tard, face à des pompiers qui vont faire le stage le plus dur de leur vie”, je t’avoue, Marie, que c’était pas facile tous les jours pour moi physiquement. 

Alors d’abord c’était dur de quitter mon petit bout, et puis en même temps d’arriver, comme ça, d’être balancée sur un tournage 3 mois après mon accouchement, et un tournage difficile… c’était dur. Après, j’avais une très bonne équipe, j’ai été entourée de 2 chefs-opérateurs que je peux citer ici parce qu’ils sont supers : Lucas Robin et Didier Barral, qui m’ont vraiment entourée, cocoonée pour que je puisse réussir mon film. Et puis un super monteur aussi : Clément, parce que si tu veux, j’ai tourné et monté en même temps. Et c’est vrai que, voilà, les… la prod’ a été super avec moi, donc grâce à ce cadre j’ai vraiment pu réussir. Et puis, je vais peut-être te dire un truc, j’avais une sensibilité à fleur de peau, à ce moment-là, parce qu’en tant que femme qui venait d’accoucher après 3 mois et… et je pense que j’ai donné un petit… un petit sel à mon film différent, en tant que femme, en tant que femme qui venait d’accoucher et qui, en plus, faisait un documentaire sur les pompiers de Paris. Mon compagnon est pompier de Paris, avait fait ce stage et c’est lui qui m’avait inspiré ce film. Donc si tu veux dans la réalisation du documentaire, l’œil que j’ai mis, les questions que je posais et ben tout… tout ça s’est ressenti, oui, et je pense que ça a fait un beau film et j’ai travaillé comme ça du coup pendant 2 mois… 3 mois : septembre, octobre, on a rendu… en novembre le film avec C8 et pareil, hein, je tiens à saluer aussi la direction de C8 parce que, voilà, le film, ils l’ont beaucoup aimé, ils l’ont mis en valeur donc ça c’était super. Et puis pour la petite anecdote, “Maman Bosse” vraiment, c’est que je me suis retrouvée avec mon fils, sur mes genoux, à mixer le commentaire de mon film, le pré-commentaire du film, pour montrer une première version à la chaîne, avec mon petit bout, sur les jambes, à poser mon commentaire sur mon film et il était là dans la salle de montage et, et c’était magnifique et, et voilà, je pense que ça résume vraiment “Maman bosse” ; bah c’est ça, ouais c’est avoir le petit sur les jambes et mixer mon film comme ça, sachant que c’était aussi une histoire très très familiale parce que je faisais ce film parce que j’avais vu son papa le faire, un film que j’avais écrit pendant qu’il était dans mon ventre, que j’avais décalé parce que justement, il allait arriver, et puis là il se retrouvait sur mes genoux à m’écouter mixer à 4-5 mois comme ça le film, donc raconter en vrai un peu l’histoire de son père et ce qu’il avait vécu. Donc c’était, c’était non sans une certaine émotion que je faisais ça ; et mon fils, et ma famille, finalement, sont très liés – et c’est ça pour toutes les femmes finalement – à ma carrière professionnelle, et on va en parler, je pense dans les minutes qui viennent, et à ce qui va advenir pour moi en tant que, en tant que productrice, et que maman Bosse. Tout est lié.

(MARIE)

Et alors la suite, justement tu l’as envisagée comment ? (Mais par rapport au fait, peut-être de ton métier, d’avoir des déplacements, des horaires décalés, etc.) Tu nous l’as dit, ton conjoint est pompier de Paris : est-ce que ce sujet-là des horaires atypiques c’est, c’était quelque chose qui te préoccupait ou qui vous préoccupait, c’était un sujet ? Vous en avez discuté ?

(ALEXANDRA)

Pas du tout, mais en fait c’est venu… je l’ai pris un peu en pleine face. Si tu veux, je l’avais pas du tout anticipé, ça, le fait effectivement d’avoir un mari pompier de Paris et puis derrière… Là tu vois, on parlait du film : le film, je l’ai rendu en novembre 2019, il a été diffusé en février 2020 et en mars 2020, on est confinés et là j’ai, un peu, la double peine.

C’est que je ne peux pas envisager, en tant que jeune maman, de reprendre un travail quotidien de journaliste avec un mari pompier, c’est pas possible ; c’est pas possible parce que j’aurais pas le temps de tout gérer. Je me prends un peu – et là c’est la face un peu plus compliquée – je me prends un peu cette charge mentale en pleine face, je m’y attendais pas du tout. Avoir un enfant, c’est magnifique, mais je le dis, c’est un “tourbillon de bonheur” : du bonheur, mais un tourbillon quand même. Et à ce moment-là, je sors de cette phase de la réalisation de mon premier film documentaire et finalement d’une réalisation professionnelle pour moi. Mais alors là, je… je me retrouve un peu seule chez moi à gérer le petit et… et c’est compliqué. C’est très compliqué et en plus, donc, je me remets dans la réécriture d’un nouveau film sur les Drags Queens aux États-Unis ; je dis ça va me prendre 3 mois de casting et tout et là, bam ! Je me prends le confinement. Et là c’est très compliqué à gérer pour moi parce que donc mon compagnon est vraiment mobilisé : c’est une guerre sanitaire, il est pompier de Paris, il est militaire et en plus il s’occupe du sanitaire. Donc en gros, c’est sa guerre. Et moi, j’ai la mienne à la maison au quotidien, mais je me retrouve à faire que ça, toute la journée, c’est-à-dire m’occuper de mon fils, faire le ménage, faire à manger, aller faire les courses comme je peux. Parce que je ne vois pas ma mère, je ne vois personne. En plus : mari pompier, donc vraiment je vois personne parce que je veux contaminer personne au cas où. Et je suis plus du tout journaliste, je suis mère au foyer.

Et là, pour moi, c’est très dur. C’est vraiment un moment très très dur. Bien sûr que je peux pas envisager d’aller faire des piges en Info, parce que faut que je m’occupe du petit. Peux pas aller faire des piges en horaires décalés, aller parler de la COVID… J’aurais pu postuler mais je peux pas. Concrètement, j’ai pas le temps de le faire et c’est vraiment la charge mentale, là, hein, je me la prends comme… comme je te l’ai dit : en pleine face ; et en même temps je me dis : “Bon bah j’assume le truc pour mon petit” ; et puis on est dans une guerre sanitaire, voilà c’est le moment. 

Je veux pas me plaindre parce qu’on a tous vécu ça et on l’a… et pour tout le monde. 

J’ai une certaine résilience et puis… arrive ce moment où on commence un petit peu à ressortir la tête, hein. C’était le mois de mai. On fête les 1 an du petit ; bon, on les fête tous seuls – on les fête pas, en vrai – mais le petit a 1 an. Et puis… puis moi je suis là. Mon… mon compagnon, en plus, se lance dans une formation très compliquée chez les pompiers de Paris parce que – je te fais un aparté rapide, mais faut savoir qu’ils sont tout le temps en examen pour passer les grades, que c’est très très dur ; alors c’est normal : c’est un métier très exigeant, mais c’est très très dur et bien sûr faut qu’il se lance là-dedans parce que faut qu’il évolue dans sa carrière professionnelle, mais moi à côté, je suis là et je me dis : “bon bah moi je suis… je suis à l’arrêt, quoi ; là, je suis complètement à l’arrêt.” Et je me dis : “bon, qu’est-ce que je vais faire ?” 

(MARIE)

Et là tu te rends compte que ça va être quand même compliqué de reprendre ton métier d’avant avec ton enfant en bas âge ? Ton métier de journaliste ? C’est à ce moment-là que tu en prends conscience ? 

(ALEXANDRA)

Oui. Mais j’en prends conscience, finalement, au début du confinement, comme je te l’ai dit. Je me dis : “là, je peux plus faire mon métier. J’en ai un nouveau : c’est… c’est mère au foyer, quoi. Et il y a pas du tout de stigmates sur les mères au foyer, enfin, je veux dire, c’est un métier à part entière. D’ailleurs, entre nous, on devrait le rémunérer. Enfin, tu vois ce… ce serait vraiment…  

Mais là, je… bah je peux pas reprendre des piges en chaîne Info ; je peux pas, c’est pas possible.  

Et puis mon film, Drag Queen aux États-Unis, je suis à l’arrêt total : je peux pas aller filmer, on peut pas bouger… En fait, je me retrouve enfermée chez moi – mais c’est vraiment l’idée – à ne pas pouvoir aller faire mon métier parce que si je vais le faire, comment je fais avec le petit ? 

(MARIE) 

Et donc là, au printemps 2020, tu te dis : “il faut que je trouve un nouvel axe, une sortie” ? En fait, c’est ça : un moyen de… de continuer différemment ? C’est à ce moment-là que que tu commences à réfléchir à ça ?

(ALEXANDRA) 

Exactement. De cet enfermement va naître la boîte de production que je vais créer. Mon entreprise. S’il y avait pas eu, finalement, cette épreuve du confinement, je n’aurais pas forcément créé une boîte de prod et aujourd’hui, on se parlerait peut-être pas. 

Si tu veux, pendant les siestes de mon fils – c’est là que tout est lié – pendant les siestes de mon fils, je suis là, je suis enfermée chez moi, je peux pas travailler, je peux pas non plus faire mon métier. Et je me dis : “attends, mais qu’est-ce qu’il faut, qu’est-ce qu’on peut faire ?” Et puis je suis sur Internet, je suis sur les réseaux., et puis je suis aussi très impliquée dans tout ce qui touche la société parce que ça, c’est mon prisme, hein, en tant que journaliste, et je me dis : “bon, c’est quoi le monde d’après ? C’est quoi après tout ça ?” C’est quoi après : pour le monde entier ; puis c’est quoi après : pour moi, Alexandra. En tant, aussi, pas que maman, mais en tant que… que femme. Je peux allier les 2, mais comment je peux faire pour allier les 2 et être – comme est superbement choisi ton titre de podcasts – être une “maman bosse”. A ce moment-là, je me dis : ”OK, et si je créais ma boîte de production audio-visuelle ?”.

Pendant les siestes de mon fils, je réfléchis à des… J’ai toujours pensé à des petits modules, à des petits… J’ai toujours été très créative. Alors avec beaucoup de mauvaises idées, et puis quelques-unes qui vont être bonnes. Mais j’ai toujours pensé des modules. Et puis je réfléchis, bah tiens, faudrait peut-être faire un… un petit module qui parle un peu des initiatives positives parce que on voit que là, on met en valeur les premiers de cordée et puis on a aussi eu – et là c’est un reproche, un peu, que je fais à mon métier et à nous les journalistes – des fois un peu perdu pied avec le terrain. Moi, c’est ce que j’ai toujours voulu retrouver parce que j’ai toujours été sur le terrain. J’ai toujours été à l’écoute des gens, c’est comme ça que je conçois mon métier et… et là on voyait bien qu’il y avait un problème depuis quelques années avec le journalisme, le monde du journalisme, qui n’allait plus voir les gens – et on l’a vu avec les gilets jaunes. 

Et là, on le voyait encore plus parce qu’effectivement, ces gens qui nous permettaient de vivre au quotidien, c’était les premiers de cordée, c’était les caissières, c’était toutes ces personnes-là, qui faisaient vivre notre société. Donc je me dis : “comment les mettre en valeur, les initiatives positives ?”. Et puis je… Puis j’écris pendant les siestes du petit, j’écris parce que ça me… ça me permet d’exister aussi à ce moment-là, professionnellement et en tant que femme, et pas en tant que maman. Et en parallèle, j’ai ma mère à moi, donc, Monique Mikaelian, comme je te l’ai dit au début de ce podcast qui est dans le milieu de l’audiovisuel, qui elle vit aussi quelque chose de dantesque, parce que elle se retrouve à partir de Canal Plus en retraite, alors qu’il y a un confinement. Elle ne va pas vivre ses derniers moments à Canal Plus Cinéma. C’est-à-dire : elle ne va pas vivre le Festival de Cannes. Elle ne va pas vivre le Festival de Cabourg. Elle ne va pas faire son pot de départ de retraite. Et tout ça : je me dis c’est pas possible, et je me dis : “Maman, elle a des compétences, artistiques, de production.” Moi, j’ai des compétences journalistiques de réalisation. On s’est pas vues pendant près de 2 mois, on se retrouve, je lui dis : “écoute maman : là tu vas partir à la retraite, tu vas rien faire”. Moi je suis bloquée professionnellement, de toute façon, je ne vais pas faire pour l’instant mon film, tout est bloqué, on sait pas où on va. Bon. C’est peut-être un peu fou, mais viens on monte notre boîte de production, toutes les 2. Là elle me regarde, elle me dit : “non mais on peut pas, on va pas y arriver, tu te rends compte, comment on fait administrativement et tout ça ? Une boîte, Alex !” Je dis : “oui mais maman, ça fait des années qu’on a envie de faire ça en vrai.

En vrai, toi tu aurais pu le faire avec toutes les compétences que t’avais, tu l’as pas fait. Essayons ! Qu’est-ce qu’on a à perdre ?” 

Et nous voilà parties dans une aventure dont on… on ne sait rien du tout. Alors je mobilise des contacts, alors je mobilise effectivement mon cercle très proche, à savoir mon amie d’enfance qui est avocate fiscaliste, que je salue ici. Jenna Barthevian, qui est super, et je lui dis, écoute : « allô Jenna qu’est-ce que tu fais ?” Bah pareil, elle sort du confinement, c’est compliqué. J’ai dit : “Donc, je veux lancer ma boîte”. Elle me dit : “Ah OK”. Je dis : “mais comment je fais ?” Elle me dit : “bah écoute, faut que tu crées ceci, cela…” 

Donc si tu veux… je suis très bien accompagnée, elle me crée carrément les statuts de ma société. Et puis on fait un petit bond : un mois plus tard, le 12 juin 2020, j’ai les statuts, je suis en train de signer les statuts, et cette entreprise – parce qu’on a pas mis beaucoup de temps à choisir le nom – va s’appeler Gianni (le nom de mon fils) Production. Cette entreprise, je l’ai rêvée, cette entreprise, je l’ai fondée pendant les siestes de mon fils et avec ma maman, donc rien de plus logique que de l’appeler Gianni Production. Et ce jour-là, le 12 juin 2020, mon fils a donc 1 an et presque 1 mois, et je suis en train de signer les statuts et là je le vois partir, s’élancer et marcher. Je me dis : “mais c’est fou quand même”. Cette entreprise est lancée. Alors, comme quand un bébé commence à marcher, on sait pas où on va, mais on y va avec envie, passion. Et c’était lancé. Je te laisse peut-être la parole. Mais la suite c’est qu’on… on a une chance formidable : c’est que dans mes envois de mails, multiples envois de mails, avec mes projets, à…à tout le monde de l’audiovisuel, personne me répond, à mon projet, sauf une personne, à Canal, que je ne connais pas, que maman connait de vue mais… mais pas forcément, qui s’appelle Alexandra Bouedec et que je salue ici aussi et qui nous renvoie un mail en disant : “Votre petit projet, là, Message Engagé, ça m’intéresse : est-ce qu’on peut faire un visio ?”. Et puis ce projet Message Engagé, donc, on le pense avec ma maman pendant qu’on lance Gianni Prod, parce que c’est important, je le redis, pour lancer une boîte, effectivement faut à un moment donné, faut un contrat, hein. Bah sinon on part sur rien – là on partait sur rien, concrètement. Mais on voit un peu une petite éclaircie. Pareil, c’est deux personnes à Canal qui sont très importantes pour nous, maman et moi : c’est Benvinda Amorin et Jean-François, qui nous… qui nous disent : “Voilà, vous pouvez envoyer votre projet”. Et puis on leur en parle. Alors le projet c’était simple – de toute façon, les trucs qui marchent, c’est toujours simple. Message Engagé, c’est des engagements des personnalités du monde de la culture et du sport. Je partais sur mon idée comme je t’ai dit tout à l’heure d’initiatives positives. Et puis ma maman, quand on discute, elle me dit : “bah écoute, pourquoi ce serait pas avec les stars ?” Je dis : “bah oui, pourquoi pas ? Toutes les personnalités s’engagent ; et puis on on va les découvrir autrement.” Et donc on se retrouve en visio avec donc cette responsable digitale à Canal +. Et pour la petite anecdote, toujours, encore une fois, avec mon fils sur les genoux. Gianni Prod se présente pour son premier rendez-vous professionnel avec le petit sur les genoux, la mère, la fille. 

Voilà l’histoire un peu. Et puis… et puis comme ça, ça part et puis bah le projet plait, on nous demande un pilote, un devis et puis c’était parti. On mobilise tous nos contacts. Encore une fois, merci à tous ceux qui nous ont aidés parce que Benvinda Amorin nous… nous aide beaucoup pour les contacts. Et puis on arrive à joindre Guillaume Canet, qui s’engage beaucoup pour les agriculteurs, donc. Le projet lui plaît en plus, je l’appelle, on lui présente le truc. Le… le projet n’existe pas. Gianni Prod existe depuis 2 semaines. Enfin bon, on se dit : “mais comment il va accepter ?” Et puis il accepte. 

Et nous voilà le 6 juillet dans un hôtel parisien, avec toute une équipe que maman avait montée à la hâte – je remercie aussi l’équipe qui nous a suivis sur le premier – à recevoir Guillaume Canet et à faire Message Engagé. Et on est aujourd’hui au 16éme ou 17éme épisode. On tient la boîte grâce à ça, c’est notre vitrine parce que ça nous permet d’aller voir les autres diffuseurs pour leur proposer des projets. Puis ça fait 2 ans, du coup, que je bosse. Et puis alors, je travaille, c’est-à-dire : j’ai appris. Moi l’édito c’est mon métier, les tournages c’est mon métier, les interviews c’est mon métier. En revanche, l’administratif, les contrats, la compta, j’ai tout appris, mais vraiment, au quotidien, au jour le jour. J’ai fait des erreurs, et j’ai appris de mes erreurs. En plus, si tu veux, on a une société avec maman, donc familiale mais aussi très engagée parce que l’idée c’était pas de faire quelque chose comme toutes les autres boîtes de prod qui existent aussi. Non. On a une identité très forte : c’est une boîte familiale et on a créé une société, une “éco-prod”, c’est-à-dire qu’on est engagés pour respecter, au mieux de ce qu’on peut, l’environnement. Ensuite, on est une société à impact : bien sûr, en tant que femmes, c’était important pour nous. Et puis en tant qu’intermittent du spectacle aussi, et venant de ce milieu, de respecter les gens avec qui on bossait. Alors on fait des contrats au prix. On s’adapte aux conventions, voilà, on paie bien les gens avec qui on travaille, on est fidèle et puis on bosse en famille aussi. Parce qu’on bosse avec des gens qu’on connaît depuis des années et qui nous sont fidèles. Et ça, c’était très important pour nous. Et aujourd’hui, la direction qu’on a donnée à cette entreprise avec maman, c’est vraiment d’aller sur des segments où on va pas trouver d’autres boîtes de prod audiovisuelles, donc faire du premium, sur le digital, bien sûr, et créer des contenus originaux qui apportent des choses, bien sûr, des informations, des choses un petit peu différentes, aux gens qui vont nous regarder. Et donc c’est d’essayer de proposer comme ça des modules engagés, engageants – donc bah Message Engagé, hein, typiquement, tout est dans le titre. Là on travaille sur des produits, des contenus sur le féminisme, sur les femmes, sur les enfants… Enfin, on développe. 

(MARIE)

Est-ce que le fait d’être une femme, ou d’être même 2 femmes, et d’être une mère, en tant qu’entrepreneur, c’est plutôt quelque chose qui a été un frein, ou alors c’est quelque chose qui n’a jamais été un sujet pour vous ? 

(ALEXANDRA)

Je vais te répondre honnêtement : je pense que c’est un frein d’être une mère et d’avoir à gérer un foyer. Moi, ça a été un frein parce que quand tu dois aller récupérer le petit ou t’occuper du petit parce que il est malade, ou la crèche est fermée, ou il y a le COVID, ou il y a un reconfinement… tu vois moi les confinements de novembre 2020 et d’avril 2021 ils m’ont fait perdre un temps phénoménal.  

Donc oui c’est un frein parce que quand je m’occupe du petit et que je m’occupe du foyer… je m’occupe de mon entreprise, mais à 11h du soir et à 6h du matin ; et donc je m’en occupe pas aussi bien que si j’avais l’esprit fixé que là-dessus. Mais mon histoire entrepreneuriale est liée à mon histoire familiale et de maman et des fois oui, j’ai envie de baisser les bras : quand j’ai pas de réponse, quand j’ai un problème de compta, ou que j’ai un truc qui tombe pas, ou que le contrat n’arrive pas, ouais je me dis : “Comment on fait ?” Donc oui c’est un frein. En revanche, je pense aussi que la société commence à s’adapter et qu’il y a une sorte de bienveillance quand même. Tu vois cet exemple concret du visio où à un moment donné je suis en visio : j’ai dû décaler l’horaire, on m’a dit OK et puis d’un coup, bah j’ai le petit qui arrive, il sort de la sieste, et je suis en plein visio. Bon ben aujourd’hui il y a une sorte, quand même, de… de bienveillance. Mais il y a beaucoup de travail encore à faire pour aider les femmes, vraiment – et les femmes entrepreneurs – à pouvoir y arriver sans avoir ce frein-là. Alors j’ai pas la solution. 

Si tu veux aujourd’hui ça commence à s’éclaircir pour moi parce que la boîte ça va faire 2 ans qu’on l’a lancée. On commence déjà à avoir une certaine… pas “notoriété”, c’est pas le mot, mais les gens commencent à nous connaître donc ça commence à s’éclaircir. Et puis d’un point de vue personnel – excuse-moi je mélange toujours les 2 : professionnel / personnel, mais c’est l’histoire de ma vie – j’ai mon conjoint qui vient de passer ces épreuves-là dont je te parlais, ça fait 2 ans et demi qu’il est en épreuves et en examens, et il vient de les avoir. Donc là, il va pouvoir s’engager à 400% avec le petit. Donc certes, quand il part à la caserne, il est pas là pendant 1 ou 2 jours, nuit et jour. En revanche, lorsqu’il est là, 3-4 jours d’affilée, il est là. Et là si tu veux, j’entre dans une nouvelle phase de ma vie où je vais pouvoir ces jours-là m’appuyer totalement sur lui. Et je vais avoir le temps, là, de développer, de recommencer à écrire, d’envoyer des projets, de… de faire un nouveau film aussi parce que je travaille sur un nouveau film documentaire. 

(MARIE)

Et le fait d’être 2 femmes, et a fortiori avec ta maman, ça c’est quand même quelque chose qui est très original, peut-être très différenciant dans votre entreprise : est-ce que ça a été plutôt une force ? Ou est-ce que ça a été plutôt compliqué à faire valoir ?

(ALEXANDRA) 

Les 2, mon capitaine. C’est une force et c’est à la fois une faiblesse : c’est une force parce que on a une vraie identité, on a une identité forte de 2 femmes qui se lancent dans l’entreprenariat. L’histoire de la mère et de la fille qui se lancent et qui mettent ensemble leurs compétences pour essayer de produire des belles choses, raconter des belles histoires et faire passer des beaux messages. Parce que c’est notre cœur de métier. Donc voilà, j’ai vraiment l’impression de faire quelque chose, de faire avancer les choses et d’aider, de donner du sens. Ça, c’était très important pour nous. Donc cette histoire, et ce qu’on fait, c’est notre force. 

En revanche, la faiblesse, elle va être effectivement parce que on est 2 femmes et que dans ce milieu qui est un milieu d’hommes, on a des accès qui peuvent être fermés, qui peuvent nous être fermés ou en tout cas qui vont pas être ouverts pour nous parce qu’on est 2 femmes et qu’on n’a pas forcément les bons contacts. Voilà. Donc, si tu veux, on a eu cette chance de pouvoir lancer Message Engagé avec Canal ; depuis, on n’a pas encore d’autres contrats ou d’autres projets qui ont abouti. Alors c’est peut-être parce que aussi les projets sont pas bons, attention il faut se remettre en cause soi-même aussi, hein ! Les projets sont peut-être pas bons, qu’on envoie. Mais je pense qu’il y a 2-3 idées qui sont… qui méritent – qui mériteraient – une attention que peut-être on reçoit pas forcément parce que, bah, on va pas aller déjeuner avec le directeur de Machin, de tel média ou de tel média qu’on connaît bien de par… bon. Et moi, ma solution c’est quoi ? Bah c’est de ré-envoyer, de rappeler,  rappeler : “Allô, on est là, on fait ça, est-ce que ça vous intéresse ?” Oui, non. Si tu veux cette faiblesse, j’aimerais en faire – dans les semaines, dans les mois, dans les années à venir – notre force : qu’on arrive, avec de la résilience, avec du travail, avec beaucoup d’investissement, à réussir à en faire notre force et je pense que c’est pas impossible si on a une bonne organisation entre, effectivement, le personnel – le foyer, la gestion d’un enfant en bas âge – et le côté professionnel. 

À la fois, j’ai envie de te dire : j’aime ce côté qui est très difficile à gérer psychologiquement de devoir se donner à fond, et d’avoir des rejets, puis de se redonner… Parce que j’ai pas la sécurité du travail. Je sais pas ce que je gagne à la fin du mois et je me rémunère pas avec Gianni Prod, ni ma mère. Pour l’instant, on paie nos frais fixes avec la boîte. Mais j’aime cette liberté de pouvoir écrire mes projets, donner du sens à ma vie professionnelle et à la fois être très présente pour mon fils. Parce que j’ai beau te dire : “oui, la charge mentale, c’est dur et tout.” mais j’adore être très présente pour mon fils aussi. Et je pense que c’est la vérité de beaucoup de femmes. 

Aujourd’hui, on a envie d’être de plus en plus présentes pour nos enfants, mais en même temps de pouvoir m’épanouir pleinement dans ma vie professionnelle. Et Marie, si j’arrive à avoir tout ça dans les… dans les années à venir, j’aurai réussi. Je te dis pas que je vais réussir – si ça se trouve, dans 6 mois, 1 an, bah Gianni Prod, je pourrai pas continuer parce que financièrement ça tiendra pas. Et que j’ai des crédits et que j’ai une vie quotidienne et que j’ai peut-être besoin, bah à un moment donné, de prendre un emploi fixe. Mais j’ai la chance d’avoir un compagnon aussi qui me soutient là-dessus, c’est super important. Mais si j’arrive quand même à réussir à avoir fondé ma propre boîte, élever un enfant en bas âge du mieux que je peux et travailler avec ma maman et donner du sens au contenu que je crée, là j’aurai réussi. 

(MARIE)

Je te propose de passer aux 3 questions de conclusion. La 1ère – on va parler des anecdotes : si je te demande ton meilleur moment dans ta vie de Maman Bosse, tout de suite là tu penses à quoi ?

(ALEXANDRA) 

Bah à la première avec Guillaume Canet parce qu’il lance tout, c’est un peu notre parrain. Donc la première fois que je tourne le… le module Message Engagé le 6 juillet 2020 avec Guillaume Canet – et c’est la première fois que je travaille avec ma maman en plus – donc c’est un vrai souvenir, et… et c’est le tremplin pour Gianni Prod, donc je dirais ce moment-là et un grand merci à Guillaume Canet qui nous fait confiance ce jour-là et toute l’équipe qui était présente. 

(MARIE)

Et alors, à l’inverse, ton pire moment dans ta vie de Maman Bosse, c’est quoi ? 

(ALEXANDRA)

C’est les démarches administratives, c’est tout ce qui est dossier, apprendre à… à gérer une entreprise au quotidien ; parce que ça, je le savais pas, et c’est vrai que ça c’est… ça c’est très compliqué. 

Et puis l’attente. L’attente des réponses. Parce qu’on peut attendre une semaine, 2 semaines, 3 mois avant d’avoir des réponses, même négatives et c’est dur. C’est dur d’attendre et de ne pas savoir. Et puis c’est mon avenir qui est en jeu et celui de la boîte et celui de ma maman, et j’ai tellement envie que dans quelques années, Gianni puisse comprendre que j’ai monté une boîte qui porte son nom et que je fais des choses belles avec cette entreprise, que j’ai pas envie de me rater. Donc en vrai c’est pas un moment, c’est un… c’est un état d’esprit. Donc oui c’est cette… cette attente : d’avoir 2-3 contrats, un peu, pour solidifier Gianni Prod et que ça continue. 

(MARIE) 

Et alors la toute dernière question : si tu devais donner un conseil à la jeune femme que tu étais en début de carrière, ce serait quoi ? 

(ALEXANDRA)

“Fais-toi plaisir”. Fais-toi plaisir, parce que les meilleures choses qu’on puisse faire, je pense, naissent d’un moment de plaisir. Parce que quand tu… tu fais les choses avec plaisir, tu les fais forcément bien. Si on peut gagner sa vie en se faisant plaisir et en apportant des choses aux autres, on a tout gagné. 

(MARIE) 

J’espère que l’épisode vous a plu. 

La question du lien entre nos familles et nos travails est un sujet que je trouve passionnant et c’est avec plaisir que j’en discuterais avec vous. 

Pour cela, je vous invite à me rejoindre sur les réseaux, notamment sur Instagram : le compte Maman Bosse – Le Podcast, pour échanger sur l’épisode. 

Je vous dis “À très vite” pour un nouvel épisode et d’ici là… Maman bosse !




Alexandra est journaliste – une profession qui lui a été inspirée par ses parents et qu’elle exerce avec passion. Elle est aussi réalisatrice et son 1er film, elle a choisi de le consacrer au métier de son mari, sapeur-pompier. Mais à la naissance de son fils et pendant le confinement elle comprend qu’elle ne pourra plus poursuivre ses activités comme avant. Elle cherche alors comment faire pour continuer à exister en tant que professionnelle tout en étant maman et c’est naturellement dans la famille qu’elle trouve la solution : enfiler une 3ème casquette, celle de productrice, en fondant une société de production authentique et eco-responsable… avec sa maman !

Le conseil d’Alexandra

« Fais toi plaisir« 

Ton pire moment dans ta vie de Maman Bosse

« C’est toutes les démarches administratives, apprendre à gérer une entreprise au quotidien, c’est très compliqué. Et puis l’attente, l’attente des réponses ».

Ton meilleur moment de ta vie de Maman Bosse

« Le premier tournage de message engagé avec Guillaume Canet. La première production de Gianni Productions, la première fois que je travaillais avec ma maman. »

Références de l’épisode

 
 

1 réflexion sur “Entreprendre en famille et au féminin”

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